Être incivique cela s’apprend !
On entend souvent dire : « A Marseille les gens sont inciviques ! » Comme si les Marseillais.e.s avaient cela dans leurs gènes… Mais que ce soit la civilité ou l’incivilité, on ne naît pas avec, mais on nous l’apprend. Ce n’est pas inné, mais c’est une culture. Et sur la route ou dans la rue, avec un vélo ou une automobile, c’est la même chose.
Pourquoi dans certains pays d’Amérique du Nord ou d’Europe, pour ne citer qu’eux, les automobilistes sont-ils si courtois sur la route ?
Et pourquoi à Marseille, les automobilistes se garent-ils systématiquement sur les aménagements cyclables, en plus des autres incivilités ?
La réponse en quelques leçonsOn pourrait commencer à dire, qu’il est difficile de demander aux habitants d’une ville de respecter le code de la route quand ils apprennent régulièrement que la collectivité dans laquelle ils vivent – ici la métropole – bafoue allégrement le code de l’environnement de son côté. Le message de la métropole est clair et entendu : on s’en contrefout des aménagements cyclables, alors vous pouvez bien faire pareil.
Soyons rassuré, la première leçon d’incivilité est bien transmise et assimilée.
On pourrait ensuite, très illégitimement se dire : « mais à quoi bon respecter le code de la route, quand je sais que je peux me garer illégalement partout sans être, le moins du monde, inquiété par la police municipale ? » C’est un héritage local historique qui se perpétue de mandature en mandature et tout le monde sait pertinemment que la mairie ne fait intervenir la police municipale que rarement et encore moins pour stationnement sur trottoirs ou aménagements cyclables…
La deuxième leçon est, elle aussi, parfaitement maîtrisée localement : on craint dégun !
Enfin, troisième leçon : ne rien laisser au hasard !
Ne surtout pas rater une occasion de pouvoir laisser l’incivilité s’installer dès qu’on le peut, le plus tôt possible, de manière à réussir à l’invisibiliser par la suite.
On pourrait à ce titre citer la rue Breteuil. En ce début d’année 2024, les commerçants râlent parce que leurs clients ne peuvent plus se garer illégalement sur la piste cyclable, là où ils se garaient illégalement sur une voie de circulation jusqu’en 2023 et depuis quelques décennies.
Mais les pouvoirs publics peuvent encore aller plus loin pour vous faire prendre de mauvaises habitudes : construire des aménagements cyclables sur lesquels on a « presque » le droit de se garer parce que ce n’est pas encore des aménagements cyclables !
Vous vous souvenez peut-être de
cet article écrit en septembre 2022 sur les aménagements consécutifs aux travaux du tramway ? Eh bien rien n’a bougé !
Voilà donc près d’un an et demi, que les aménagements cyclables sont réalisés et que les automobilistes se garent dessus sans risquer l’amende de 4ᵉ classe à 135€ et 3 points de permis.
Et pour cause, ces aménagements cyclables ne sont toujours pas signalés ! Pas le moindre panneau C113. Et ce n’est pourtant pas faute de l’avoir signalé à la métropole.
Démonstration avec l’avenue de DelphesSes voitures, camions et véhicules utilitaires :
Son absence de signalisation verticale et de signalisation horizontale :
Pourtant, le tramway, lui qui n’est pas encore près de passer, a déjà ses panneaux depuis belle lurette.
Une variante de cette rue, sans panneau, avec voiture, mais avec une signalisation horizontale mais qui est sans valeur règlementairement parlant.
Et comme disait IAM : « Merci la RTM »
Et son absence de signalisation…
On remarquera donc sur la photo suivante, rue du Rouet, l’absence de panneau pour indiquer aux cyclistes qu’ils peuvent emprunter le double-sens cyclables. Mais on notera la présence saugrenue d’un « panneau interdit de stationner » alors même que la rue est en sens interdit ! Des fois qu’il serait possible d’arriver en marche arrière pour se garer sur la piste cyclable...
A elle seule la photo suivante résume bien la situation de la rue du Rouet :
Voitures sur trottoirs,
Poubelles sur pistes cyclables
Vélos sur arceaux de poubelles …
Enfin, la rue Albert Schweitzer, la rue Raoul Busquet et la rue Basse St Phylomène sont logées également à la même enseigne, sans aucun panneau de signalisation pour les bandes cyclables ou double-sens cyclables :
Et le pire dans cette histoire, est que l’on ne peut donc même pas appeler la police municipale pour faire retirer ses stationnements illicites, ou en tous cas pas comme un stationnement trés gênants. Des fois que l'on aurait envie de perdre notre temps...
On en arrive donc ainsi, à faire prendre de mauvaises habitudes aux Marseillais.e.s sans même qu’ils ne s’en rendent compte afin qu'ils ou elles perdurent bien la tradition.
Le reste de la France pense qu’à Marseille, nous avons beaucoup de talent pour se garer en vrac. Mais non ! C’est surtout de bons profs et beaucoup de travail !