Prado : Une association en action
Depuis plusieurs semaines, le Collectif Vélos en Ville préparait le déconfinement aux côtés de la Métropole et de RAMDAM pour faciliter les déplacements des cyclistes et accompagner le nécessaire développement du vélo à Marseille. Ce dialogue concerté a abouti sur des résultats très concrets dont vous avez pu lire les précédentes avancées dans
un précédent article. Ces nouvelles coronapistes ont été installées sur des axes structurants préfigurant le plan vélo et ont envoyé un signal fort pour les cyclistes existant
•e•s mais aussi pour celles et ceux souhaitant débuter.
Quelle n'a pas été la surprise d'apprendre lundi 25 mai par un communiqué de la Provence que la Métropole avait décidé unilatéralement de supprimer la piste du Prado avec des
arguments plus que discutables. Ni une, ni deux, on sonne l'alerte, par SMS, puis réseaux sociaux, l'information circule dans le réseau de cyclistes et nous nous retrouvons à 21h un lundi soir sur le Prado à essayer de défendre les potelets qui sont systématiquement enlevés par les mêmes agents qui avaient fini de les mettre en place 5 jours plus tôt. Eux-aussi sont dans l'incompréhension. La quarantaine de cyclistes présents font ce qu'ils ou elles peuvent pour dissuader cette destruction. La présence de la presse, en particulier de la Provence et de France 2, a permis de donner de la visibilité à cette action. Vers minuit, convaincus qu'il était impossible de ne pas se mobiliser, un rendez-vous a été donné dès le lendemain pour faire les annonces aux médias.
Mardi à 14h30, un groupe plus conséquent de cyclistes du Collectif Vélos en Ville, auquel se sont joints de nombreux•ses cyclistes quotidiens et les représentants de Vélo Sapiens et de RAMDAM a proposé une déambulation pour témoigner de la difficulté de circuler sur les aménagements des îlots centraux, et l'importance de se doter d'une vraie piste cyclable. Davantage de cyclistes étaient présent•e•s pour témoigner de leur incompréhension, que plusieurs médias ont relayé à l'échelle locale et nationale. La police elle aussi était présente avec laquelle les représentant•e•s des associations ont eu un échange détendu et constructif.
Pour revoir l'action de ce mardi sur le journal de la Provence :
https://www.youtube.com/embed/iyUbhWy6jUALe Collectif Vélos en Ville a alors décidé de convier les cyclistes marseillais•e•s à une déambulation le jeudi à 18h30 pour réclamer collectivement cette piste cyclable tout en respectant les consignes sanitaires de distanciation sociale en cette période d'épidémie. Au mot d'ordre « le Prad'aux vélos » diffusé sur les réseaux sociaux, plusieurs centaines de cyclistes de tout âge et de toute forme de vélo se sont retrouvé•e•s dans un esprit calme par cette belle fin d'après-midi.
Sans surprise, les représentants des forces de l'ordre étaient présents et ont rappelé les règles de l'état d'urgence sanitaire qui ont été répétées. Dès que le nombre de vélos a commencé à augmenter, tout ce petit monde s'est mis en mouvement pour déambuler sur le Prado et rejoindre Castellane en ralentissant le trafic de l'avenue. Si quelques automobilistes ont pu marquer de leur klaxon un peu d'irritation, la déambulation s'est faite dans le calme. Quelle n'a pas été notre surprise et notre confusion quand les camionnettes de police ont commencé à mettre leur sirène et à bloquer le trajet des cyclistes provoquant leur accumulation. En passant, certain•e•s des policiers ont fait usage de lacrymogène face à un cortège pacifique comportant des enfants et des personnes vulnérables. Dans la confusion la plus totale, des contrôles d'identités ont été réalisés avec la volonté de verbaliser. Les cyclistes présent•e•s ont cependant continué à déambuler dans le respect des règles sanitaires et du code de la route, s'arrêtant aux feux rouges, entre Castellane et le rond-point du Prado pendant plusieurs dizaines de minutes. Malheureusement, le comportement de certains véhicules motorisés ont provoqué quelques troubles : un conducteur de scooter agressif a conduit un cycliste à faire des heures injustifiées de garde à vue, de même qu'un autre cycliste au motif qu'il transportait ses outils et pour finir, un cycliste a vu son vélo littéralement écrasé par un bus impatient (n'hésitez pas à nous contacter si jamais vous aussi vous avez eu un souci).
Suite à ces événements et à l'initiative du regroupement métropolitain, nous nous sommes rendus à la Préfecture de Police le jeudi 4 juin pour avoir plus d'information. Accueillis avec cordialité, nous nous sommes vus confirmer le maintien des verbalisations pour non-respect de la distanciation sociale. Le commissaire en charge lors de la déambulation ayant considéré que nous constituions un « trouble à l'ordre public ». Réitérant notre demande de lever ces verbalisations, nous avons cependant pu échanger sur l'importance de protéger les cyclistes à Marseille contre la violence motorisée. Nous invitons les cyclistes verbalisé•e•s à se signaler au sein de l'association pour avoir une idée de la suite donnée à cette déambulation.
Si vous souhaitez vous renseigner sur la suite à donner à la réception d'une verbalisation après la déambulation, veuillez contacter l'association à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. Nous réfléchissons à une démarche collective
Le lendemain, nous avons découvert avec sourire que ANV-COP21 et Extinction Rebellion avaient décidé de faire revivre au moins symboliquement cette piste. Par ce geste, ils et elles soulignent à quel point les enjeux autour des mobilités dépassent quelques cyclistes mais engagent des réflexions générales sur l'organisation de nos sociétés.
Où en sommes-nous ? Cette mobilisation autour de la disparition de la coronapiste du Prado est hautement symbolique. Symbolique de ces choix à géométries variables de la part de la Métropole de Mme Vassal qui semble avoir du mal à inscrire dans la durée la concertation avec les représentants de la société civile et ses engagements sur le vélo malgré des gestes encourageants. Symbolique aussi de l'engagement des cyclistes marseillaises et marseillais, prêt•e•s à venir revendiquer pour un changement réel dans les infrastructures. Depuis la fin du confinement, l'explosion de la pratique du vélo est loin d'être une illusion : encouragée par une politique nationale, nous devenons plus nombreux•ses convaincu•e•s de la pertinence du vélo pour se déplacer en ville. Des témoignages de marseillais•ses incité•e•s à débuter ou reprendre le vélo pour eux et leur famille montrent l'importance de ces nouvelles pistes comme signal des évolutions en cours.
Nous espérons ne plus avoir à appeler à se mobiliser contre la disparition d'aménagement cyclable mais au contraire organiser dans les prochains temps des moments festifs pour accompagner l'arrivée de nouvelles pistes. Avec l'été qui arrive, quel meilleur moment pour faire du vélo ?