Ne pas confondre vitesse et précipitation
Le Collectif Vélos en Ville, de Marseille, était représenté en nombre lors de la journée de débats et d'échanges organisée le 2 décembre à Arles par l'association Rue de l'Avenir sur le thème de «La ville à 30». Pas moins de trois administrateurs, Sam Cohen, Serge Lourie et Michel Fornairon avaient fait le déplacement.
En revanche, aucun élu Marseillais n'était présent à cette journée et seul un technicien de l' Agam, dont le président est l'adjoint à l'urbanisme Claude Valette, assurait le service minimum. Il faut donc croire que le thème des déplacements et de son lien avec les aménagements et la qualité de la ville n'est toujours pas au coeur des préoccupations des édiles marseillais. Il est vrai qu'étaient surtout présents des élus de villes petites ou moyennes de la région: Nîmes, Cagnes sur mer, Arles, Avignon, Salon...
Il n'était pourtant pas inintéressant d'entendre ces élus exposer leurs interrogations et leurs expériences. Ainsi cette élue de Castelnau-le-lez près de Montpellier qui cherchait à connaître les « trucs» pour convaincre riverains et commerçants de l'intérêt des réaménagements réduisant la place et la vitesse de la voiture. A quoi le maire de Cagnes-sur-mer qui, lui, entre autres, a su imposer aux techniciens et convaincre ses administrés de la possibilité de transformer une autoroute littorale, une sorte de corniche quoi... en boulevard urbain, répondait volonté politique et travail de conviction. C'était aussi, en substance le contenu de l'intervention du représentant de la mairie de Paris qui expliquait les difficultés qu'ils ont souvent rencontrées lors de la mise en place des double-sens cyclables dans 65 quartiers de Paris. A Paris aussi, comme à Marseille, les maires d'arrondissement ont en effet la facheuse tendance à préférer la place de stationnement automobile de leur riverain-électeur plutôt que l'aménagement cyclable. Au vu des résultats, il semble bien qu'en terme de volonté politique le match soit gagné haut-la-main par les parisiens.
Quant au coeur des débats de ces journées, il portait sur l'évolution vers « La ville à 30 ». Une évolution que de nombreuses villes européennes et françaises ( Lorient, Chambéry...) ont désormais engagée. Pour faire simple, il s'agit d'inverser la logique actuelle: une ville à 50 avec des îlots en zones 30 - à Marseille on dit zones pacifiées, semi-piétonnes... - pour passer à une ville où la norme est le moins de 30 km/h, dans laquelle seuls quelques axes choisis conservent une fonction circulatoire prépondérante et une limitation à moins de 50 km/h. Autre aspect non négligeable en ces temps de restrictions budgétaires, une généralisation à l'ensemble de la ville des zones 30 ou de rencontre réduit les besoins d'aménagements lourds. Pas besoin de "semi-piétonniser" toutes les rues, c'est déjà fait. En effet, à l'exemple des noyaux villageois ou des quartiers du centre ville de Marseille, la plupart des rues des centres des villes françaises sont déjà aux normes du moins de 30 km/h plutôt que du 50 km/h. Encore plus pragmatique, le traitement de quartiers entiers plutôt que de quelques rues disséminées permet de réduire les besoins en signalisation et en panneaux en privilégiant le traitement des portes d'entrées à la zone.
Sur le fond, à travers les interventions et les points de vue croisés de sociologues, urbanistes et techniciens de terrain est apparue lors de cette journée la nécessité, a posteriori évidente, de réduire en ville la vitesse automobile à moins de 30 km/h. « La ville à 30 », c'est en réalité la ville qui redonne sa place à l'humain, au piéton... et au cycliste.
MF