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Marsactu 22 avril 2013

Marsactu, 22 avril 2013
 
Clémentine Vaysse
 
Corniche, une piste cyclable aux allures d'enjeu électoral
 
Sans surprise, ce samedi, Marseille a reçu le prix du Clou rouillé décerné à la ville ayant la pire politique à l'égard des cyclistes. Retour sur la situation d'un lieu emblématique, la Corniche, où les projets de pistes cyclables se heurtent à l'hostilité de certains riverains.
corniche
 Le printemps arrive et une envie d'escapade. Prendre la poudre d'escampette avec sa bicyclette. Aller jusqu'au Prophète, tranquillement, sans transpirer ou slalomer entre les voitures. La route à soi. Autre scénario, pendant la pause déjeuner, enfourcher son vélo et aller prendre le café au Vallon des Auffes. Pour le moment, mélangés aux voitures, les vélos n'ont pas vraiment leur place sur une Corniche où les automobilistes agissent en terrain conquis. Le plan de déplacement urbain actuellement soumis à enquête publique prévoit d'y remédier d'ici 2023, date de son échéance.
 
Un projet tout au fond des cartons
 
Actuellement, le seul jour où les vélos ont le droit à la Corniche pour eux, c'est lors de la Fête du Vélo le premier week-end de juin. Ils peuvent alors rouler tranquillement sur les deux voies côté mer qui leur sont réservées pour l'occasion. En dehors ce jour d'exception, les amoureux de la petite reine sont coincés dans le trafic ou squattent le trottoir ce qui, entre les voitures à cheval et les piétons, est loin d'être idéal. De fait, il n'existe aucun aménagement cyclable sur cette itinéraire de promenade route où l'on roule pourtant sur un tronçon en deux fois deux voies. 
 
"Nous avons un projet à la Cum qui est prêt mais ne fait pas l'unanimité  du côté des comités d'intérêt de quartier, affirmait lundi dernier le président de MPM Eugène Caselli interrogé sur cet aménagement symbolique, nous allons essayer de les convaincre". Soumis à enquête publique, le projet de Plan de Déplacements Urbains est ambitieux sur la place des vélos en ville. Il a pour objectif de "multiplier par 5,5 le nombre de déplacements effectués à vélo". Il mentionne notamment "l'aménagement prévu d'au moins 10 km d'axes structurants chaque année pour un coût de 3 millions d'euros par an". Mais quand on voit la carte du schéma directeur des modes doux - certes encore en cours d'élaboration - on se demande si le coup de stabilo (en vert pour les modes doux) le long de la Corniche n'a pas été oublié :
rapport pdu web
 
Pas la peine d'essayer de zoomer, cette carte manque cruellement de précision. C'est d'ailleurs ce que soulignent chacun des avis émis par la Ville, la Région, le Conseil Général et l'agence indépendante qui a fait l'évaluation environnementale du document. Un encadré tire toutefois la chose au clair : "Certains axes emblématiques existants verront une partie de leur emprise réservée à l’usage des vélos : c’est le cas de la Corniche Kennedy ou du boulevard littoral dans le quartier de la Joliette".
 
"Il faudra une volonté politique"
 
"Le PDU permet de le faire mais après il faut qu'il y ait une volonté politique", pondère Pierre Semeriva le vice-président (EELV) au développement durable à MPM. Du côté des services de MPM, on assure également que "ce n'est pas un problème de faisabilité". Le document ne donne pourtant aucun détail sur les aménagements cyclables prévus. Une lacune que dénoncent les membres du collectif Vélos en ville. "C'était la même chose que pour le précédent PDU, il n'y a aucune hiérarchie des priorités. On va avoir plus de pistes cyclables, c'est très bien mais où, quand et avec quels moyens ?", lance Philippe Cahn, le vice-président du collectif. L'association - habituée des attaques en justice contre MPM - déplore qu'"aucun élu ne se soit engagé formellement à ce qu'il y ait une piste sur la Corniche". 
 
Il faut dire que, dans le secteur - comme le mentionnait Eugène Caselli - la position des CIQ est sans appel. "Nous sommes clairement défavorables à une telle mesure, explique le président du CIQ Vallon des Auffres et Corniche, Jean-Claude Rostain, également représentant pour tout le 7e. Cela va enclaver davantage les habitants du quartier qui passent déjà des heures dans les embouteillages". Le riverain poursuit :
 
"Réduire l'espace des voitures sur la Corniche créerait encore plus de bouchons. Pour qui ? Pour 1 à 2 vélos par heure en semaine. Ce serait embêter les Marseillais qui vont travailler au profit de gens qui se promènent".
 
On retrouve là le fameux argument du vélo-loisir, du "truc de bobos" comme l'appelle souvent le maire de secteur Dominique Tian. Les CIQ du 8e arrondissement sont plus tempérés dans leurs propos et pour cause, "c'est un sujet que nous n'avons pas réellement abordé", précise la présidente de la fédération Yvette Rochette. Elle dit ne pas être opposée à une piste cyclable mais "uniquement là où il y a de la place, c'est à dire du bas de la rue du commandant Rolland jusqu'au David". À la mairie du 6/8, on prône le statu quo : "La situation est très compliquée, nous n'avons pas de projet de piste cyclable sur la Corniche", explique le conseiller d'arrondissement délégué à la voirie Philippe Berger. Le maire du 1/7, Patrick Mennucci défend lui "une diminution du nombre de voies afin de dégager trois mètres pour faire de la Corniche un véritable lieu de déambulation". Il reconnaît cependant que "changer l'organisation de la circulation, pose un certain nombre de problèmes" et conditionne toute évolution à la mise en service de la L2.
 
De l'aveu même d'Eugène Caselli, cette question des vélos sur la Corniche "fera partie des débats de 2014".  Son vice-président Pierre Semeriva partage cet avis, affirmant qu'"il faudra une volonté politique". Légalement, l'obligation d'aménagements cyclables ne s'applique qu'à "l'occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines" selon le Code de l'environnement. À moins que le prochain maire ne se décide à agir spontanément et change de logique, comme le souffle Cyril Pimentel du CVV : "Ils pourraient avoir la promenade des Anglais et ils préfèrent l'A55 !"