Mais que s’est-il donc passé au Prado ?
Vous êtes nombreux·ses à vous poser la question. Mais vous êtes aussi nombreux·ses à vous demander comment on en a pu arriver là ? Explications en images sur le sujet dont toute la France parle...
Au début, comme dit la genèse, il n’y avait rien. Comme d’habitude à Marseille. Ni Covid, ni piste cyclable.
Tout va bienPuis vint le covid, son confinement et son déconfinement. Nous vous avons expliqué
dans cet article les tractations que votre association a dû faire pour obtenir des aménagements cyclables transitoires pour le déconfinement, des lettres envoyées à la métropole en passant par
la tribune publiée dans les médias, ce qui se concluait par une prise de parole de la présidente de métropole Martine Vassal et du président du Collectif Vélos en Ville le 8 mai pour annoncer les nouvelles coronapistes cyclables.
Tout allait bien, au point que le 13 mai, le jour de la parution de
ce premier article la piste cyclable du Prado commençait à être tracée.
Puis tout va mal Mais cela était sans compter sur l’intervention des Comités d’Intérêt de Quartier de Marseille et d’un de leurs
Communiqué de Presse intitulé « vous avez dit vélo ! » du 12 mai faisant encore l’apologie de la voiture personnelle au XXIe siècle. Un torchon sans doute écrit par une seule personne qui ne représente pas du tout l’ensemble des CIQ, nombreux à nous le témoigner après notre réponse parue dans
notre communiqué de presse en retour : « oui, oui on bien dit vélo ». C’était le 15 mai.
Le 20 mai, la coronapiste cyclable du Prado était terminée, et les cyclistes commençait à l’utiliser.
Le 25 mai elle était démontée ! Et nous étions nombreux·ses ce jour-là à s’opposer à sa destruction comme vous pouvez le lire dans
cet autre article sur la mobilisation, bien que la métropole ait usé de tous les stratagèmes pour faire le coup en douce, ni vu ni connu : parution d’un communiqué de presse un lundi soir à 20h00 pour une destruction prévue dans la nuit mais faite immédiatement.
Heureusement à vélo, on est rapide, et on est arrivé·e en même temps que les camions et les médias. Encore merci à ces derniers qui ont permis que les choses se passent bien. Nous avons été dispersés gentiment par la police vers minuit.
Mais comment justifie-t-on cette destruction après seulement cinq jours d’existence du côté de la métropole ? Évidemment, ce n’est pas facile d’expliquer quelque chose d’inexplicable ... ou plutôt d’inavouable. C’est là que le défilé de la presse et de la métropole commence.
Journal de 13h00 France 2Le bal est ouvert par
l’ouverture du journal de France 2 à 13h00, le 26 mai 2020 et le directeur général des services de la métropole (que l’on ne voit habituellement jamais).
Explications : « On s'est rendu compte qu'il y avait beaucoup d'utilisation par des scooters et des véhicules motorisés »
Si, si, il a vraiment dit cela.
Logique : les scooters font n’importe quoi, alors on punit les cyclistes...
« c’était très anxiogène»... Oui sans doute que l’on peut comprendre la peur éprouvée par les scooters et les automobilistes à la vue d’un cycliste...
Viennent à la rescousse des représentants d’une minorité marseillaise martyrisée : l’automobiliste
Sur
France bleu le 27 Mai, Martine Vassal déclare qu’elle aurait elle même essayé cette piste cyclable avec son vélo et l’aurait trouvée dangereuse !
Dommage qu’elle n’ait pas essayé les rues de Marseille : elle aurait peut être retiré les voitures à la place de retirer la piste cyclable.
M6 et Yves MoraineJournal télé de M6 de 19h15 Yves Moraine, Maire du 4e secteur de Marseille, dit tout : "Elle était dangereuse pour les deux roues motorisés »
Si, si, il a vraiment dit cela.
Et bien on commence à mieux comprendre…
Journal de 20h00 de France 2Au
journal de 20h00 de France 2, Yannick Tondut, DGA à la mobilité et au transport s’en tient à la version officielle du communiqué de presse :
Et pendant ce temps là, à Marseille...
Version officielle et version officieuseOn l’a vu, les véritables raisons n’ont pas vraiment été cachées par les protagonistes de l’affaire :
Cela dérangeait profondément les scooters et les autres engins motorisés.
En revanche, il a été nié totalement l’influence des CIQ.
Dans la version officielle, c’est à dire dans son communiqué de presse, la métropole indique deux raisons aussi farfelues que différentes :
Premièrement : La piste Cyclable n’a pas trouvé son public
Argument particulièrement intéressant, puisque la métropole qui avait commandé des comptages de vélos sur les coronapistes n’a pas attendu leur analyse qui sera faite quelques jours après, mais évidemment sans nous puisque les réunions de travail sur les coronapistes se sont arrêtées brusquement.
Mais c’était sans compter sur les comptages de notre association qui montrent une augmentation de la fréquentation des cyclistes sur cet axe, le 22 et 25 mai (date de la photo ci-contre et celle plus haut).
De plus, la fréquentation vélo a globalement augmentée en France à l’occasion du déconfinement comme le montrent les relevés de « Vélo et territoire » :
44 % de passages de vélos de plus qu’avant le confinement (moyenne hebdomadaire observée entre le 1er janvier et le 17 mars)
et même +87% à la fin mai.
C'était pourtant écrit dans La Provence du 22 mai en page 2.
Deuxièmement : La piste cyclable était dangereuse.
Évidemment pour affirmer une telle chose, il faudrait soit conduire un vélo soi-même, soit avoir échangé avec une association d’usagers de la bicyclette, ce qui ne s’est évidemment pas produit.
Cette piste cyclable était beaucoup moins dangereuse que les rues marseillaises, mais au lieu de verbaliser les scooters, on a préféré démonter la piste, comme nos ami·e·s parisien·ne·s aiment à en rire :
https://twitter.com/RasLeScoot/status/1265266513692557312 Pourtant, si on est automobiliste ou scooteriste et qu’on veut le rester, il y a tout intérêt à favoriser la pratique du vélo et donc les pistes cyclables, car chaque vélo est une voiture en moins dans la circulation et une place de stationnement en plus pour sa voiture.Et pour celles et ceux que cela intéresse, vous pouvez pousser plus loin avec
cette lecture sur le trafic induit.